Si un inconfort apparaît les gens vont réagir de façon à rétablir leur confort. L'adaptation peut être physiologique donc inconsciente ou psychologique c'est à dire qu'on s'habitue au fur et à mesure aux conditions ou on s'y prépare.
D’autres comportements différents vont apparaître : dans les bâtiments naturellement ventilés on va pouvoir supporter des températures beaucoup plus élevées à partir du moment où on a accès à notre environnement : on peut ouvrir les fenêtres, mettre un ventilateur... etc. Si on ne laisse pas cette possibilité aux gens, il faudra rester dans les plages de variation beaucoup plus contraignantes hors à l'heure actuelle la tendance est à vouloir nous faire des bâtiments très étanches avec des fenêtres qui ne s'ouvrent pas alors qu'on voit qu'on peut monter beaucoup plus haut en température l'été si on laisse les gens faire. On parle aussi de plus en plus de ce que les anglophones appellent ‘forgiveness’ qui est donc le pardon en fait dès les gens qui vont pardonner d'être un petit peu inconfortable parce qu’ils savent que ça fait du bien à la planète. Les sociologues développent de plus en plus cette démarche.
Il y a une imbrication successives de la régulation physiologique autonome la régulation comportementale individuelle c'est à dire les vêtements, la posture,... etc, et la régulation technologique qui vient par dessus. Il faut que la régulation technologique soit là pour faciliter la régulation comportementale, il faut pouvoir avoir accès à la régulation technologiques de manière à minimiser la régulation physiologique c'est à dire qu’il faut pouvoir avoir accès à notre environnement.
C'est ce qu'a fait le Japon, suite aux crises énergétiques successives, le ministère de l'environnement a décidé malgré un code vestimentaire très drastique, de passer la température de consigne de climatisation de 26,2° à 28° et changer leur code vestimentaire. Ils ont donc organisé des défilés de mode au ministère pour montrer qu'on pouvait être correctement habillé sans être en costard cravate. En 2006, grâce au ‘CoolBiz’ les japonais ont économisé pas mal d'équivalent pétrole et pensent pouvoir en économiser davantage en lançant le ‘WarmBiz’ a l'inverse pour montrer qu’on peut aussi se protéger du froid.
Il y a aussi un problème d'acceptabilité : parfois le mieux étant l'ennemi du bien, le thermostat un petit peu vieillot est finalement plus utilisé que les machins un peu compliqués qu'on ne sait pas programmer. Il reste un travail à faire sur l'inter-opérabilité et les interfaces homme-machine parce que on se rend compte que d'abord les thermostats très compliqués où il faut le mode d'emploi pour programmer les gens ne s’en servent pas. On note que ces 89 % des gens n’utilisaient pas la programmation semaine/week-end, et très souvent ils sont installés un peu au hasard ce qui crée des effets assez catastrophiques.
Au niveau de la recherche nous sommes capables de modéliser l’environnement depuis longtemps, on est capable de modéliser le corps humain, un modèle très simple de thermo physiologie et puis plus ou moins compliquées en fonction de l'environnement qu'on étudie et on va calculer tous les transferts de chaleur avec la plus grande précision possible. On va pouvoir donc calculer la température de peaux, tous les flux de chaleur, échanges...On va calculer les sensations thermiques donc le : ‘j’ai chaud, j’ai froid’.
A l'heure actuelle, on commence à représenter la régulation comportementale en partant du c’'est chaud, c'est froid’. On est en train de développer un régulateur comportemental qui avec les rites donc qui est basé sur un modèle numérique en intelligence artificielle avec des méthodes d'apprentissage on appelle le CoolLearning, donc c'est un apprentissage progressif des actions qui vont avoir un effet positif ou pas sur l'environnement.
Notre objectif à terme c’est de chiffrer d'un point de vue énergétique les différentes actions de l'être humain de manière à voir quelles sont celles qui sont performantes ou pas d'un point de vue énergétique, pour favoriser celles qui le sont et restreindre celles qui ne le sont pas.
Les solutions dans un premier temps sont que les habitats aient des systèmes efficaces et que nous ayons des comportements sobres car confort et santé doivent rester la priorité.
Le confort doit être prioritaire sauf que les chiffres des consommations d’énergie disent qu’à l'heure actuelle 48% de l'énergie qui est consommé c’est quand il y a du monde dans l’habitat et puis 52 % quand il n'y a personne donc c'est peut-être idiot de procurer des situations de confort a personne. L'exemple c'est l'informatique : beaucoup d'ordinateurs allumés alors que personne ne les utilise, c'est pas grand chose de les éteindre de même pour les consommations des appareils en veille.
Je suis membre de l'association négawatt, la démarche de négawatt c'est sobriété, efficacité et énergies renouvelables en dernier. Ca ne sert à rien de faire des énergies renouvelables pour alimenter notre surconsommation. Sobriété : intelligence des usages. Efficacité : c'est la performance des équipements. Cette démarche rejoint celle des instances internationales.
I= P.A.T , population x affluence x technology
L'impact énergétique c'est le nombre de personne multiplié par le nombre d'appareil par personne multiplié par la consommation par appareil.
Donc si on diminue la consommation par appareil on atteint l’efficacité, si on diminue le nombre d'appareils par personne c'est la sobriété qui est atteinte.
Voici un exemple de systèmes non sobre et non efficace qui est celui de l'université Paul Sabatier de Toulouse. Les chiffres sont relevés dans le bureau des thésards : sur 24 heures avec une occupation des bureaux de 8 heures, la zone dite de confort, c’est à dire de thermo-neutralité montre des problèmes en milieu de journée, dans ce cas c’est une journée de novembre. En effet proche du radiateur on a des surchauffes énormes parce qu'on a des radiateurs qui sont beaucoup trop chaud à 50° degrés, proche du radiateur on avoisine les 30° degrés alors comme il fait trop chaud au bout d'un moment on ouvre la fenêtre car on ne peut pas contrôler la température des radiateurs. Ce sont des kilowatts jetés par la fenêtre à longueur de journée et ça c'est dommage, pour revenir au confort on est obligé de sur-consommer.
L'efficacité c’est aussi sur l’ensemble : c'est utiliser la bonne énergie au bon endroit. Si on apporte de la chaleur sous forme de chaleur via un combustible qui soit du gaz ou du fioul, la consommation d'énergie primaire reste ‘correcte’. Si on chauffe avec de l'électricité ou là on a une grosse dégradation, on a une sur consommation en énergie primaire, et donc chauffer à l'électricité c'est une chaine énergétique qui est la pire des pires puisqu'on a chauffé pour faire de l'électricité puis l'électricité on en fait du chauffage et à chaque fois des dégradations énorme. Il faut donc réfléchir à cette chaîne complète.
Du point de vue de l’éclairage : l'éclairage c'est ce qu'on appelle l'énergie utile si on regarde la chaîne complète et qu'on chauffe avec une ampoule à incandescence entre cette énergie primaire et cette énergie utile on a 97 % de pertes, alors, certes les lampes basse consommation vont permettre d'améliorer ce rendement mais on a quand même beaucoup de pertes. C'est sur la chaîne énergétique complète qu'il faut jouer et pas seulement sur le confort. Malheureusement, à l'heure actuelle on essaye de nous faire croire que c'est d'abord sur le confort.
Le contexte général va être celui du développement durable : quand on parle d'énergie on pense à l'aspect écologie du développement durable mais n'oublions pas qu’il y a les enjeux sociétaux, les enjeux économiques dans lequel le confort et la santé ont un rôle très important. On ne peut pas tout miser sur ce volet écologique.
La dernière chose qui nous aide un peu dans le bâtiment, c'est la démarche haute qualité environnementale qui a deux grands domaines : maîtrise des impacts du bâtiment sur l'extérieur et maîtrise des impacts du bâtiment sur le confort et la santé des bâtiments. Cette démarche, même s'il a été largement dévoyée au cours du temps, a le gros intérêt d'avoir remis l'être humain à part égale avec le bâtiment et la construction et avec l'énergie. Cette démarche tend à se généraliser, nous l’avons utilisé pour la crèche de l'université.
Dans les bâtiments récents, le chauffage ne représente vraiment plus grand-chose, donc c'est vrai que les grandes campagnes qui disent chauffez à 17°, chauffez à 19° vont jouer sur la consommation.
Les économies d'énergie dans les bâtiments récents sont ailleurs . Le CSTB montre que les bâtiments existants sont fortement consommateurs, les bâtiments optimisés beaucoup moins consommateurs, mais si aucun effort n’est fait sur l’usage du mobilier c’est à dire des équipements : les ordinateurs, tout ce qu'on a dans les bâtiments, on a plus de consommation d’énergie que le bâtiment lui même. Il y a d'énormes choses à faire dans le renouvellement parce que la durée de vie du mobilier est beaucoup plus courte que la durée de vie du bâtiment.
Au niveau des enjeux sur la rénovation, l'énergie et le confort sont quasiment indépendant parce que toutes les épaves énergétiques ne sont pas confortables, donc les améliorer c’est gagner sur les deux tableaux, on gagne en énergie et en confort : deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources.
Avec François Mancho nous travaillons depuis longtemps sur l'université avec la formation physique de l'habitat ,énergétique de l'habitat qui change de nom à chaque habilitation. On a commencé par des audits énergétiques, des avis de confort séparés ,puis au fur et à mesure on s'est rendu compte qu'il fallait faire les deux à la fois. On a travaillé sur un certain nombre de bâtiments à l'université avec aussi les consommations d'eau, pendant longtemps on a travaillé avec le groupe éco campus de Bordeaux avec un financement EDF/Adème sur la maîtrise d’électricité sur le campus. La facture du campus de Rangueil est à un plus d'un million d’€ de chauffage, plus un million et demi d'électricité, un peu de gaz naturel ( 166 000 €) et la consommation d'eau à peu près à un million et demi.
Il est intéressant de faire des économies là dessus, donc on a fait des estimations sur l'eau : on a des temps de retour de l'ordre de 2 ans pour des économies de 20 % sur un million et demi ça commence à devenir intéressant.
Nous avons fait des audits énergétiques et confort un peu partout avec nos étudiants dans un collège qui a eu le label EcoSchool qui est un label européen. On travaille pas mal avec les bâtiments de l'éducation nationale, avec les autres universités et depuis deux ans avec la mairie de Toulouse. L'année dernière la médiathèque et cette année le conservatoire de musique et la bibliothèque du patrimoine, nos étudiants partent sur le terrain avec plein de capteurs de mesures physiques, des questionnaires, parce que ceux sont des audits énergie et confort, on passe par la perception des gens, comment les gens perçoivent leur environnement et toutes les préconisations d'amélioration que l'on fait sont de ce type. La plupart de nos rapports sont téléchargeables sur le site web de la formation,on va systématiquement avoir des préconisations. Dans le domaine de la thermique des petites améliorations, des petits choses qui vont améliorer beaucoup le confort sans générer de grosses contraintes énergétiques ou des fois qui vont largement améliorer le gain énergétique,
Pour atteindre le confort on a deux possibilités : les occupants s'adaptent aux bâtiments et donc ça en général ils se plaignent, grognent et râlent -soit les occupants s’adaptent au bâtiment ça génère en général des dégradations, de la casse ...etc Pour avoir le confort à coup sûr il faut impérativement développer des systèmes qui permettent à l'individu d'ajuster ses conditions préférées de manière personnalisée, individualisée et non sur consommatrices d'énergie. Là l'électronique, l'automatique et la régulation vont beaucoup nous aider.
En conclusion, il faut aller vers une architecture passive mais pour avoir un habitat économe il faut que l'habitant soit économe et donc là il est de notre responsabilité en tant qu'enseignants de passer par l'éducation à l'environnement et au développement durable. »